samedi 26 novembre 2016





Cabinet de psychothérapie et de psychanalyse 
Fairouz Nemraoui 
39 rue de Verdun 
94220 Charenton-le-Pont 
Contactez le 06.35.47.81.36 pour prendre rendez-vous. 

Numéro ADELI : 929323301
Numéro SIRET : 81468036900026
Numéro SIREN : 814680369

Horaires d'ouverture du cabinet de consultations : 
⇘ Avec rendez-vous : 
Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi : 08h00 - 20h00 




Psychologue clinicienne et psychothérapeute, Fairouz Nemraoui a installé sa consultation à Charenton-le-Pont dans le Val-de-Marne. Elle y reçoit enfants, adolescents, adultes et couples du lundi au samedi. 
Diplômée d'un Master II en psychologie clinique et psychopathologie psychanalytique à Paris X, elle est également membre clinicienne du RPH (Réseau pour la Psychanalyse à l'Hôpital). 

Le RPH, école de psychanalyse, permet de se former pour devenir psychanalyste. L'école est destinée aux étudiants. Un dispositif de formation rigoureux (supervision individuelle, supervision de groupe, réunion clinique, séminaire, groupes d'étude, colloque, psychanalyse personnelle...) est ainsi proposé dés les années post-bac aux personnes désireuses de se former à la clinique psychanalytique. Pour plus d'informations concernant le RPH, rendez-vous sur notre site Internet. 




Quand prendre rendez-vous avec un psychologue - psychothérapeute - psychanalyste ? 
La décision de rencontrer un psychologue apparaît lorsque l'être est en souffrance et qu'il vit un mal-être dont il ne veut plus. Désireux d'avancer, de répondre aux questions qu'il se pose, de comprendre le sens de ce qu'il lui arrive, le patient s'engage alors dans un travail psychothérapeutique. 
Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons d'aller voir un psychologue. Le seul motif est le mal-être et la souffrance. 

Quels troubles les psychanalystes soignent-ils ? 
En concordance avec la question précédente, il n'y a pas de trouble spécifique à avoir pour rencontrer un psychologue. Voici une liste, non exhaustive, de troubles qui peut amener l'être à rencontrer un professionnel. 

Les troubles anxieux : 
Angoisse, stress, peur, phobies, crise de panique, crise d'angoisse, névrose d'angoisse, trouble panique, traumatismes (agression etc.)... 

Les troubles relationnels : 
L'hypersensibilité, la susceptibilité, la timidité, la dépendance affective, l'angoisse d'abandon, la manipulation, la maltraitance, la passivité, l'agressivité. 
Les problèmes de couple qui sont divers ; jalousie, violences conjugales, divorce, infidélité, troubles de la sexualité, rupture amoureuse, disputes incessantes, célibat... 
Les troubles relationnels peuvent plus généralement concerner la famille. 
Ils prennent également place dans le monde du travail (burn-out, harcèlement, sur-sollicitations, épuisement, non reconnaissance...) ou à l'école pour les plus jeunes (phobie sociale, violence, troubles du comportement, isolement...). 


Les difficultés en rapport avec la parentalité : 
Difficultés à tomber enceinte, infertilité, stérilité, IVG, fausse couche, dépression post-partum, devenir père, devenir mère... 

Les conduites addictives : 
Toxicomanies (héroine, LSD, cocaine, MDMA, ecstasy...), alcoolisme, jeux à gratter, jeux vidéo, Internet... 

Les troubles de l'humeur : 
Dépression, manie, trouble maniaco-dépressif, deuil, mélancolie...

Les troubles des conduites alimentaires : 
Anorexie, boulimie, obésité, maigreur, hyperphagie... 

Les névroses : 
Névrose hystérique, névrose obsessionnelle (TOC), névrose phobique. 

Les psychoses : 
Schizophrénie, psychose paranoïaque, psychose maniaco-dépressive, hallucinations, délires, bouffée délirante aiguë, dissociation, psychose hallucinatoire chronique... 

Les troubles de la sexualité : 
Manque de libido, douleurs, vaginisme, troubles de l'érection, anorgasmie... 

Comme vous le voyez, les troubles sont nombreux. Cette liste est indicative. Quoiqu'il en soit, en cas de mal-être, de souffrance importante, peu importe leur type, contactez un psychothérapeute. Le principal est que l'être puisse avoir un lieu propre pour parler sa souffrance et dénouer les points qui le font souffrir. 


Qu'est-ce que la Consultation Publique de Psychanalyse (CPP) du Val de Marne ? 
La Consultation Publique de Psychanalyse accueille toute personne qui présente un mal-être et qui souhaite arrêter de souffrir. Le prix des séances dépend de la situation financière de chaque patient. Cela permet à chacun d'être soigné et d'avoir la possibilité de commencer une psychothérapie, sans que l'argent soit un frein. 

Il existe plusieurs CPP, notamment à Paris, dans les Hauts-de-Seine (à Nanterre sous la responsabilité de Ouarda Ferlicot), dans les Yvelines (à Saint Germain en Laye sous la responsabilité de Matthieu Julian), dans l'Essonne (à Courcouronnes, sous la responsabilité d'Alexis Pochez), dans le Val d'Oise (à Deuil-la-Barre, sous la responsabilité de Léa Lou Ramel). 

Fairouz Nemraoui est responsable de la CPP du Val de Marne. 

Le dispositif de la CPP a été inventé il y a une vingtaine d'années par Fernando de Amorim, psychanalyste parisien et président du RPH. Face au succès de ce dispositif, celui-ci s'est développé depuis et s'est étendu à l'Ile de France. 
Les CPP travaillent en partenariat avec les médecins, les professionnels de santé, les CMP... Ce dispositif permet de désengorger les institutions de soin qui sont débordées et dont la liste d'attente est parfois trop conséquente pour proposer des prises en charge de qualité. 

Le RPH, par son travail d'équipe (psychanalystes, psychothérapeutes, psychologues...) en réseau, permet de recevoir au plus vite les patients en souffrance. Il existe d'ailleurs un numéro d'appel d'urgence, 24h/24, 7j/7, qui permet aux patients d'être reçu au plus vite.



Sur le présent blog, vous trouverez différents articles sur des textes psychanalytiques majeurs.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.fairouznemraoui.fr Sur ce dernier, vous trouverez différentes indications concernant les psychothérapies chez l'enfant, l'adolescent et l'adulte. Par ailleurs, une Foire A Questions permet de répondre aux questions que les patients se posent le plus généralement : comment se passe la première séance chez le psychologue ? Quelle est la différence entre un psychologue et un psychiatre ? Quand commencer une psychothérapie ? Comment se déroule une psychanalyse ? Qu'est ce qu'un symptôme ? ... 

Pour prendre rendez-vous et rencontrer Madame Nemraoui, praticienne dans le Val de Marne (Charenton le Pont, Saint-Maurice, Saint-Mandé, Villeneuve Saint Georges, Maisons Alfort, Alfortville, Saint Maur des Fossés, Créteil, Vincennes...) contactez le 06.35.47.81.36 ou envoyez un message à l'adresse suivante : fairouz.nem@gmail.com 

jeudi 24 novembre 2016

Le transfert en psychanalyse

Les origines du mot « transfert » sont assez éclairantes quant à sa compréhension. C'est pour cette raison que l'historique suivant est proposé.


Historique :


Première fois en 1724 (Dictionnaire étymologique de la langue française, Bloch Wartburg).

Le mot « transfert » aurait emprunté du latin. « Transferer » : translation impliquant le mouvement → dynamique.

=> Cela fait écho à la façon de concevoir le transfert en psychanalyse. Il est un mouvement évoluant entre deux pôles : le pôle infantile et le pôle actuel. Il y a là un mouvement progrédient et un mouvement régrédien. Nous retrouvons l'idée d'une ocillation entre le présent et le passé.

A la fois, le transfert est dynamique par son ambivalence. Il est à la fois : 
  • Positif et négatif 
  • Résistance et source de levée du refoulement 
  • Régression et progression 

Il est un domaine où se vit d'une façon toute particulière le rôle du temps dans l'existence du sujet humain.
De même que le phénomène du transfert déborde le cadre de la psychanalyse, de même les origines du concept peuvent être décelées bien avant la date de son invention (1895).



En voici quelques traces :

→ Chez Mesmer. 1778 Les baquets : une force obscure d'origine animale est susceptible d'exercer une influence directe à partir d'un homme sur d'autres hommes.

→ Chez l'Abbé Faria. 1837 Il met en avant la subjectivité des phénomènes magnétiques (cause du somnambulisme dans le sujet lui même). Par ailleurs, il introduit le langage comme médiateur (endormait par la parole).

→ Chez Liebault : 1866 Il met en exergue la notion d'idée fixe : « son esprit s'en tient à l'idée qu'on lui suggère finalement ». Il y a là une opposition avec le principe de l'association libre. Il est remarquable que Freud dans les débuts cherchera lui aussi à fixer les idées et les représentations par l'imposition des mains. C'est l'échec de cette fixation qui le conduira sur la voie des associations libres.

→ Chez Chastenet de Puységur :1874 Il met en avant le concept de « consultation réciproque ». Il s'agit de la mise en présence de deux personnes pour qui la perception des organes intérieurs de l'autre n'a plus de secret.

→ Chez Freud :

Historiquement, la notion de transfert prend toute sa signification avec l'abandon par la psychanalyse de l'hypnose, de la suggestion et de la catharsis.

Le transfert apparaît en 1895 dans l'expérience de traitement d'une patiente par ce qu'elle appelait elle même la « talking cure ». Vous l'aurez reconnu, il s'agit d'Anna O traité par Breuer. Nous en retrouvons le récit dans les Etudes sur l'hystérie : « Après que le travail cathartique eut semblé terminé s'était tout à coup produit chez la jeune fille un état « d'amour de transfert » qu'il n'avait plus alors rapporté à sa maladie, ce qui fait que tout interdit il avait pris la fuite ».



Ma vie et la psychanalyse. 1925 C'est peu après que Freud fait lui même la première expérience du transfert qui est une des raisons de sa décision d'abandonner l'hypnose : « irrésistibilité personnelle et je pensais maintenant avoir saisi la nature de l'élément mystique agissant derrière l'hypnose. Afin de l'écarter ou du moins de l'isoler, je devais abandonner l'hypnose ».

Dés 1895, Freud donne les prémisses de ce qu'on appelle transfert et contre-transfert aujourd'hui : « l'ensemble des rapports personnels ». Côté patients, il parle de : “l’adhésion totale / confiance indispensable ».

Freud introduit alors les termes de « mésalliance », de « faux rapport ». Neyraut dans son œuvre met d'ailleurs en avant que le transfert est un quiproquo à contretemps. Son dépassement consiste à le renvoyer à qui de droit et à sa place.


Fragment d’une analyse d’hystérie 1905. C'est la première fois que Freud évoque le transfert si clairement.

Cette psychothérapie est un échec. Freud lui-même attribue cet échec à la méconnaissance du transfert, ou du moins à un traitement inadéquat du transfert. C'est seulement dans un moment réflexif après coup que les considérations théoriques le mettront en évidence. Ce fait à lui seul mérite réflexion.

→ Neyraut explique que l'essence même du transfert est que ses menées invisibles n'éclatent qu'en ses arrêts, ses achoppements, ses ancrages aveugles au réel.

Quelques citations de Freud pour illustrer le point précédent :

“le retard apporté à la guérison ou à l’amélioration n’est en réalité dû qu’à la personne du médecin”.

“avant que je reconnusse l’importance des tendances homosexuelles chez les névrosés, j’échouais souvent dans des traitements ou bien je tombais dans un désarroi complet”.

→ Lacan « la seule résistance est la résistance de l'analyste » c'est-à-dire son contre transfert. Ce sont les « préjugés » dont parle Freud. Il est clair que ces arrêts du transfert ne sont point le seul fait de Dora, mais aussi bien celui de Freud.


L'homme aux rats. 1909 « Comment pouvez vous supporter, Monsieur le Professeur, disait-il, de vous laisser injurier par le sale type que je suis ? »

La dynamique du transfert 1912. C'est le premier texte exclusivement réservé à la question.
Freud donne des conseils concernant l'attitude du médecin qui doit « demeurer impénétrable et, à la manière d'un miroir ne fait que refléter ce qu'on lui montre » (Conseils aux médecins).

Observations sur l'amour de transfert. 1915
Freud met en avant l'importance des affects dans l'expérience analytique.

Si transfert il y a c'est parce que le patient « transfère » malgré lui sur la personne du thérapeute, des représentations qui étaient déjà là, en lui, avant de connaître ce thérapeute. → Freud parle de « cliché », de « prédisposition naturelle » en lien avec l'enfance.

= Le psychothérapeute fonctionne donc comme un substitut, à la place d'un signifiant qui manque. Ce rapport actuel est donc prédéterminé par quelque chose d'autre que ce qui est en train de se jouer dans l'ici et le maintenant de la séance.



Parallèle avec le rêve : La représentation inconsciente ne peut, en tant que telle, pénétrer dans le préconscient que si elle s'allie à une représentation sans importance qui s'y trouvait déjà, à laquelle elle transfère son intensité et qui lui sert de couverture. Le masque est nécessaire pour que le désir inconscient puisse apparaître sous une forme déguisée. C'est là que réside tout le nœud du transfert.


Il n'y a pas d'intersubjectivité, pas de rapport direct du patient avec le psychanalyste, mais bien plutôt la mise en acte d'un mode de relation préalable à la relation psychothérapeutique elle même.

Lacan, Les écrits techniques de Freud



LACAN, LES ÉCRITS TECHNIQUES DE FREUD

Édition : Points



Fairouz Nemraoui


Point sur la psychanalyse et l'oeuvre de Freud :


         La pensée freudienne doit être remise en mouvement. Les travaux sont ouverts à la révision, à des remises en question.


         Lacan met en avant l'importance que Freud accordait à son « auto-analyse » pour pouvoir analyser les névrosés. "(...) on reconnaît ce fait que, dans l'analyse il n'y pas seulement le patient. On est deux - et pas que deux". P11


         Le point de visée de l'analyse serait la reconnaissance "Tu es ceci". Il s'agit d'un idéal qui n'est jamais vraiment atteint. "L'idéal de l'analyse n'est pas la maîtrise de soi complète, l'absence de passion" p.12.

         Les écrits techniques (1904-1919) de Freud représenteraient une étape intermédiaire, précédant l'élaboration de la théorie structurale (=théorie des instances ou théorie métapsychologique). Leur groupement se constitue en ce sens. Croire que l'unité proviendrait du fait que ces textes traitent de la technique serait une erreur.


         Lacan souligne le manque de consensus entre les différentes pratiques psychanalytiques sur ce qui est fait, ce qui est visé, ce qui est obtenu, et de façon générale concernant ce dont il s'agit. Il parle d'une "confusion la plus radicale" (p.22).


         La force de l'œuvre de Freud est de prendre le sujet dans sa singularité et de le réintégrer dans son histoire. Lacan fait une précision sur le terme d'histoire, et précise qu'il ne s'agit pas du passé en tant que tel, mais de l'historisation du passé par le sujet du présent, dans la manière dont la personne cherche à reconstruire son passé. La remémoration n'est donc pas le point important, c'est la reconstruction qui compte (p.27).

P.28 " ce dont il s'agit, c'est moins de se souvenir que de réécrire l'histoire".


Le moi et l'ego :


         Concernant le moi, Lacan explique que celui-ci se situe dans le sujet comme un symptôme. (P.31) Il y a une ambiguïté dans la conception que se font les analystes de l'égo en pensant que ce serait à quoi on aurait accès. Lacan le considère plutôt comme un acte manqué, un "achoppement" (p. 31).


         Lacan se pose la question suivante : est-ce que la résistance continue à avoir son sens en dehors de la psychanalyse? Chez Freud, et dès ses premières recherches, la notion de résistance est rattachée à celle d'égo. L'égo aurait chez Freud un rôle fonctionnel lié à des "nécessités techniques" (p.43).


         De même, le contre-transfert est le résultat de l'égo de l'analyste, ce qu'il nomme "la somme des préjugés de l'analyste" (p.41). Pour autant, il ne dit pas que l'analyste devrait ressentir aucun sentiment vis à vis de son patient, comme un robot. Là n'est pas le question. C'est plutôt de savoir ce que l'analyste en fait. Il doit ne pas y céder et "s'en servir adéquatement dans sa technique" (p. 56)


         Concernant l'interprétation, Lacan prend des distances et met en avant le fait que le sens ne doit pas être révélé au patient mais assumé par lui. C'est justement parce que le sujet refuse ce sens que l'assumer lui permet d'avancer dans sa cure. C'est notamment sur ce point précis que Lacan caractérise la psychanalyse comme une technique qui "respecte la personne humaine" (p.52). Ce point de vue vient aussi montrer qu'il est vain de vouloir forcer la résistance du sujet à tout prix.

Il montre également que la clairvoyance chez le patient suite à une interprétation du psychanalyste ne prouve en rien que cette intervention du clinicien fût efficace d'un point de vue proprement thérapeutique. L'interprétation reviendrait alors à un rapport d'égo à égo, c'est-à-dire que l'on ne peut pas distinguer ce mécanisme de celui de projection.


La résistance / Parole pleine et parole vide : 


         Lacan définit alors la résistance comme "cette inflexion que prend le discours à l'approche de ce noyau", entendu noyau pathogène. (P.62) C’est à l’approche de sa vérité que nait la résistance chez le sujet. Chez Freud déjà se dégage le fait que la résistance émane de ce qui est refoulé, de ce qui est à révéler. C'est dans le mouvement par lequel le sujet s'avoue, lâche prise qu'apparaît la résistance.

         Selon Lacan, c'est alors quand cette résistance devient trop forte que surgit le transfert (p.69). Il ajoute quelques pages plus loin, ce qui vient soutenir cette première proposition, "c'est dans la mesure où l'aveu de l'être n'arrive pas à son terme que la parole se porte tout entière sur le versant où elle s'accroche à l'autre" (p.80). Cela n'est pas étranger à l'essence de la parole qui est une médiation avec l'autre, une façon de s'y accrocher et d'être en lien avec l'autre.

Mais alors dans la cure, "si la parole fonctionne (...) comme médiation, c'est de ne pas s'être accomplie comme révélation" (p.81).

         La parole pleine est une parole qui fait acte en ce sens que le sujet est différent de ce qu'il était auparavant.

         C'est de cette manière qu'il introduit l'opposition entre parole pleine et parole vide. La parole pleine vient réaliser la vérité du sujet tandis que la parole vide fait écho à la présence du psychanalyste où le sujet se perd alors dans "le labyrinthe" de système culturel et dans les "machinations" du système du langage (p.83).

         Le phénomène de transfert serait le fond du mouvement de la résistance. C'est par cette conjonction que la parole deviendrait adressée au témoin qu'est le psychanalyste. C'est alors au moment du silence du patient, quand il s'interrompt qu'il approche le plus de la vérité. Selon Lacan, l'idée que l'analyste intervienne en disant "ne pensez-vous pas à quelque chose qui me concerne moi l'analyste ?" (P.88) n'est pas conseillée car cela vient cristalliser d'autant plus la tendance du patient à venir adresser son discours au clinicien.


         Plus le sujet s'affirme comme moi (du côté de la parole vide), plus il s'aliène. "Quel est donc celui qui, au-delà du moi, cherche à se faire reconnaître?" (P.85) L'égo serait donc une défense, un refus. Sa fonction fondamentale est la méconnaissance, le "je ne sais pas".

         Le moi serait un "maître d'erreurs, le siège des illusions, le lieu d'une passion qui lui est propre et va essentiellement à la méconnaissance" (p.104).

         Il y aurait un refoulement premier, primitif qui produirait une attraction pour tous les refoulements ultérieurs, comme un centre d'attraction (p.73). Il serait "le fond et le support" (p.74).


Le symbolique :


         Lacan distingue les différents niveaux du symbolique : symbolique en tant que tel, la possibilité symbolique, l'ouverture de l'homme aux symboles, sa cristallisation dans le discours en tant qu'il contient la contradiction.

Le réel serait ce qui échappe, ce qui résiste à la symbolisation.


         Toute l'expérience du bouquet dépend de la place de l'œil. Lacan définit alors l'œil comme symbole du sujet. Autrement dit, le rapport au monde, à l'imaginaire, et au réel dépend de la situation du sujet. Sachant que la situation du sujet dépend de sa place dans le monde symbolique, donc dans le monde de la parole.


Il distingue trois registres dans le langage :
  • L'énoncé : inclut la nature du sujet en fonction du style et de l'intonation.
  • L'appel : il s'agit du ton qui va venir définir différentes valeurs de l'énoncé.
  • La communication : prend en compte l'ensemble de la situation et ce dont il s'agit.

            La liaison symbolique est que socialement les êtres se définissent par l'intermédiaire de la loi. Par l'échange des symboles, chacun se situe par rapport aux autres. Ce rapport symbolique est complexe car différent selon les plans où les êtres se placent.

Le symbole permet d'introduire un tiers qui est un élément de médiation entre les êtres en présence (p.247).


Le stade du miroir :


         Dans les rapports aux objets existe un mode d'identification. L'anxiété en est le signal. Lacan entend l’anxiété comme une "tentation, vertige, perte du sujet" à un niveau primitif. (P.113).


         Le stade du miroir n'est pas simplement un stade du développement. Il a aussi une fonction essentielle de relations du sujet à son image. Le caractère optique a de ce fait toute son importance. Le fait même que l'enfant voit la forme totale de son corps permet une anticipation de la maîtrise sur celui-ci. Cette maîtrise imaginaire est prématurée par rapport à la maîtrise réelle du corps au vu de l'âge de l'enfant. "Le sujet anticipe sur l'achèvement de la maîtrise psychologique, et cette maîtrise donnera son style à tout exercice ultérieur de la maîtrise motrice effective" (p.128)


         Le stade du miroir, en tant qu'instant où le sujet se voit, se réfléchit, va alors déterminer de façon essentielle toute la vie fantasmatique du sujet. Au stade du miroir, nous retrouvons le sujet d'avant la naissance du moi et le surgissement de celui-ci.

            Lacan reprend Hegel et notamment l'idée que le désir de l'homme est le désir de l'autre. Le sujet repère son corps grâce à sa propre image (cf stade du miroir) mais aussi par l'intermédiaire du corps de l'autre. C'est là que s'ancre la conscience de soi. Il reconnaît dans le corps de l'autre son propre désir. Le sujet se reconnaît comme corps car il a assimilé le corps de l'autre.
 

         L'autre est captivant par le sujet du fait de son image unitaire, au même titre que l'image qu'il perçoit dans le miroir. L'autre, au cours de la vie, se confondra plus ou moins avec l'idéal du moi.

Un point essentiel du stade du miroir est son caractère exaltant. Lacan précise que finalement, l'important n'est pas son apparition à 6 mois mais son déclin à 18 mois.


L'imaginaire :


L'imaginaire chez le névrosé renvoie :
  • aux identifications formatrices et les rapports que le sujet entretient avec celles-ci
  • au rapport du sujet avec le réel dont la caractéristique est d'être illusoire. Le psychotique lui ne trouve pas de substitution imaginaire tout en perdant la réalisation du réel. (p 186)
            La dimension imaginaire, illusoire intervient de façon essentielle dans les comportements sexuels : leurs déplacements, leur déclenchement. Lacan s'appuie sur des exemples tirés des comportements animaux.


            Avant le langage, le désir n'existe que sur le plan de l'autre qui est aliénant. Il s'agit de la relation imaginaire du stade spéculaire. La seule issue n'est alors que la destruction de l'autre. C'est un désir de disparition de l'autre en tant qu'il supporte le désir du sujet. Dans cette relation il y a concurrence, rivalité absolue. Il s'agit de détruire celui qui est le siège de l'aliénation.

« Avant que le désir n'apprenne à se reconnaître – disons maintenant le mot – par le symbole, il n'est vu que dans l'autre ». (p.266).


            L'ego ne se confond pas avec le sujet. Le sujet est ce qui est en dehors de l'objet, du moi. (p.301).


Sentiment de soi :


Trois racines du sentiment de soi sont isolées par Freud :
  • la satisfaction narcissique primaire
  • le critère de réussite qui renvoie à la satisfaction du désir de toute puissance
  • la gratification reçue des objets d'amour.


L'amour :


            L'amour passionnel se passe au niveau de l'imaginaire et vient comme annuler la dimension symbolique (p.224). Il y a une perturbation de la fonction de l'idéal du moi car l'amour ouvre la porte à la perfection.

Un amoureux passionnel serait donc fou du fait de la captation narcissique. L'idéal du moi vient se situer dans le monde des objets comme moi idéal.

 « C'est ça l'amour. C'est son propre moi qu'on aime dans l'amour, son propre moi réalisé au niveau imaginaire ». (p.225) L'être aimé est « l'image de notre désir ».


            Lacan s'interroge sur les liens entre l'amour pour l'être aimé et l'amour dans le transfert.


            Il introduit également l’amour du point de vue du registre symbolique, qui est différent de l’amour passionnel qui se situe du côté de l’imaginaire.


Idéal du moi et moi idéal :

            L'idéal du moi représente l'autre comme être parlant, l'autre comme ayant une relation symbolique avec le sujet. Cet autre est à la fois semblable et différent de la libido imaginaire. Les échanges symboliques donc la parole lient les êtres.


            L'idéal du moi serait du côté du symbolique et le moi idéal du côté de l'imaginaire ?



Ignorance et méconnaissance :


→ Ignorance : il n'y a pas d'ignorance s'il n'y a pas de vérité à atteindre. (p.261) Quand il y a au cours d'une psychanalyse une recherche de la vérité, par associations libres, il y a alors de fait constitution de l'ignorance. « C'est nous qui créons cette situation, et donc cette ignorance-là » p.261.


→ La méconnaissance n'est pas l'ignorance. Quand il y a méconnaissance, il y a forcément une connaissance cachée derrière. (Ex : un délirant qui méconnait la mort de l'un de ses proches. Il connait qu'il y a quelque chose qu'il veut méconnaitre.) Dans l'ignorance, on parle de vérité ; dans la méconnaissance, on parle de connaissance. La connaissance est une fonction du moi, de l’égo qui croit savoir. 
→ Dans le rêve, la connaissance du corps est accru. Il est mieux senti, mieux perçu et donc mieux connu par le sujet. En revanche, à l'état de veille, le corps du sujet est renvoyé au corps de l'autre ce qui provoque de l'ignorance sur son propre corps. L'égo a un pouvoir de méconnaissance. (p.243)



Surmoi :


            L'inconscient et le surmoi sont des scissions induites par le système symbolique.

Cette scission pour le surmoi se réalise dans ses rapports avec la loi. De plus le monde symbolique auquel il fait référence n'est pas limité au sujet car la langue est commune à une certaine communauté à laquelle appartient le sujet. (p.305)

            Le surmoi a un rapport avec la loi tout en méconnaissant cette loi qui est une loi insensée. (p.164)

mercredi 23 novembre 2016

Freud, Le projet ou l'Esquisse d'une psychologie scientifique




1)L'expérience de satisfaction. 

Le fonctionnement de l'appareil neuronique une fois décrit, Freud se préoccupe des quantités

endogènes accumulées qui mènent à un besoin de décharge. Un besoin interne prend naissance à l'intérieur du corps du fait de la nécessité de la vie (dans le cas de la faim, par exemple). Ainsi, les neurones nucléaires se trouvant dans le système ψ se remplissent de quantités. Alors, une poussée urgente est éveillée, qui pousse à l'éconduction se traduisant par la décharge par une voie motrice. Cris, expression des émotions s'en suivent : la voie menant à la modification interne est ainsi empruntée.

Cependant, et c'est là un point central, une éconduction de ce type ne provoque pas la satisfaction, le « délestage » selon le terme utilisé par Freud (2007, p.625). Ces écoulements réflexes sont insuffisants. Freud note donc d'emblée que si la première voie suivie est celle d'une modification interne (cris, innervations motrices), elle n'est d'aucun secours pour faire baisser la tension qui ne cesse de croître à l'intérieur du corps.

Ainsi, la tension interne persiste. La clé ouvrant la porte de l'abaissement de la tension n'est accessible que par une intervention se situant dans le monde extérieur. C'est ce que Freud (p.626) nomme l' « action spécifi
que », étant capable d'arrêter l'excitation endogène. Cette dernière n'est possible que par une « aide étrangère », celle-ci étant attentive aux besoins de l'enfant.

Le nourrisson est donc dans l'incapacité de satisfaire ses besoins tout seul. Par conséquent, il se trouve dans un état de dépendance à l'environnement du fait de sa pré-maturation. Le plaisir est donc fondamentalement lié à l'autre, à l'intervention d'un être proche.

Monique Schneider (Schneider, M. (2011). La détresse aux sources de l'éthique. Paris: Seuil. ; p.16) exprime en des termes éclairants l'importance de cet être proche, le Nebenmensch : « L'agencement théorique proposé par Freud, dans l'Esquisse1, s'organise essentiellement autour du centre de gravité que représente l'un des termes, le Nebenmensch, être proche, expression qui déploie d'emblée une structure spatiale bifocale, puisque l'être humain (Mensch) ne peut advenir comme humain que situé dans les parages d'un autre être humain placé « à côté » (Neben) ». Monique Schneider exprime ainsi le rôle déterminant de ce Nebenmensch à l'origine de processus fondateurs.


2)La « compréhension mutuelle ». 


L'éconduction aura cependant d'autres fonctions, comme celle de se faire comprendre par cet
autre, cette aide étrangère. Cette fonction d'une extrême importance est nommée par Freud (p.626) « la compréhension mutuelle » : un nourrisson qui s'exprime et un adulte qui sait l'entendre et traduire ses cris ou ses pleurs. Monique Schneider (Schneider, M. (2011). La détresse aux sources de l'éthique. Paris: Seuil. ; p.108) souligne le « don de l'interprétation » du Nebenmensch, c'est-à-dire qu'il interprète l'agitation motrice, les cris de l'enfant comme porteur d'un message, par exemple « j'ai faim ».



3)L'importance de l'hallucination.

Que se passe-t-il après cette expérience de satisfaction qui semble si déterminante pour la suite ?
D'une part, l'intervention d'un autre permet l'abaissement de la tension et par la même l'arrêt du déplaisir. L'écoulement est ressenti comme plaisir. Cette aide amène une première expérience de satisfaction.

D'autre part, l'investissement d'un ou de plusieurs neurones du correspond à la perception de l'objet. Enfin, les neurones inscrivent également, et ce par un investissement, les informations relatives à l'éconduction du mouvement réflexe qui se rattache à l'action spécifique. Cela souligne le caractère éminemment fondamental de cette première expérience. Du fait de cette expérience de satisfaction, un frayage a donc lieu entre deux images mnésiques. Ainsi, lors d'un nouvel état de tension de ce type, l'investissement passe par ces deux souvenirs et les vivifie. Il y a inscription de l'objet par ce frayage associatif ce que Freud (p.627) nous explique par l'« association par simultanéité ».

Cette vivification a d'abord pour résultat une hallucination. En effet, lors d'une prochaine élévation de la quantité endogène dans le système ψ, les neurones emprunteront les voies frayées par la première expérience de satisfaction. Les neurones sont ainsi investis débouchant sur une hallucination avec une production de l'image de l'objet ayant apporté satisfaction. Si l'action réflexe est enclenchée qu'à partir de celle-ci, la déception aura lieu. L'hallucination ne permet pas un abaissement de la tension.

Mais celle-ci a d'autres fonctions, comme celle d'attendre évoquée précédemment. Il y a une illustration de cet état de tension dans l'Interprétation du rêve, avec les exemples du besoin d'uriner ou de la soif évoqués par Freud (p.271). Nous avons beau rêver que nous sommes en train d'uriner, rien n'y fait : il va bel et bien falloir se réveiller pour aller aux toilettes.

Ces différents exemples visent aussi à illustrer l'aspect déplaisant d'un tel état de tension. Il faut imaginer le nourrisson, envahi par un besoin interne si désagréable (comme la faim), et dépendant totalement d'un autre pour l'abaissement de cette tension. Le nourrisson est contraint d'en passer par l'autre pour échapper à une situation originaire de détresse. A nouveau, une intervention dans le monde extérieur s'avère donc incontournable. Ces hypothèses freudiennes permettent de postuler que le nourrisson hallucine l'objet de satisfaction du besoin en son absence, à condition qu'une expérience structurante et primordiale de satisfaction du besoin ait déjà eut lieue. L'idée centrale est que le développement de la pensée s'étayerait sur l'hallucination de l'objet absent, hallucination qui elle-même se base sur les traces mnésiques de l'expérience de satisfaction.


4)Barrières de contact. 

Freud expose que le courant dirigé du dedans vers le dehors qu'est le principe d'inertie (évacuer complètement les quantités d'énergie que le système reçoit) doit être bloqué par une fonction secondaire permettant d'emmagasiner les quantités. Sans cela, nous nous viderions en permanence à l'extérieur. C'est d'une part cet emmagasinage, ce stockage et d'autre part l'évacuation, la décharge qui constituent le moi. La décharge est nécessaire car trop d'excitations ne seraient pas une situation vivable. Pareillement, se vider en permanence ne n'en constitue pas une.
Les processus secondaires réclament un emmagasinage de la quantité. Comment cela est-il rendu possible ? Il faudrait des forces résistantes qui s'opposent à l'éconduction de la quantité d'énergie. Selon Freud, ces résistances ont lieues dans les contacts entre les neurones. Il situe ainsi sa conception centrale des barrières de contact. Les barrières de contact sont donc au service des processus secondaires et de l'emmagasinage. Peut- on postuler que sans l'existence de la fonctionnalité de ces barrières de contact, la constitution du moi est mise à mal ?

Les barrières de contact permettent le distinguo entre les deux systèmes fondamentaux qu'introduit Freud dans Le projet d'une psychologie scientifique : le système φ et le système ψ. Leur naissance dans la théorisation freudienne vient du fait que l'auteur prend conscience que les neurones doivent aussi bien être influencés et ainsi modifiés de façon permanente que non modifiés.

Le système φ représenterait donc les cellules perceptives, c'est-à-dire celles qui restent non modifiées. Ainsi, après chaque cours d'excitation, elles reviennent dans le même état que celui dans lequel elles se trouvaient auparavant. Elles sont donc toujours disponibles pour de nouvelles excitations. Ces neurones ne retiennent pas, n'inscrivent rien en leur sein. C'est pour cette raison que Freud met en avant leur caractère perméable aux quantités d'énergie c'est-à-dire qu'ils laissent passer la quantité. Les neurones perméables seraient donc au service de la perception. Freud postule également que le système φ, contenant ces neurones perméables n'exercent aucune résistance à la quantité. Ce fait est d'emblée assez étonnant mais sera éclairé par la suite de l'écrit à travers la notion d'écran-Q.

A contrario, le système ψ se définit par l'imperméabilité de ces neurones, ceux-ci pouvant supporter, emmagasiner des quantités d'énergie. Ceux-ci sont influencés et modifiés de manière permanente par les cours d'excitations et peuvent ainsi voir leur état modifié. Il s'agit des cellules mnésiques détentrices de la fonction fondamentale qu'est la mémoire. Dans ce système, les barrières de contact sont particulièrement opérantes car celles-ci ne laissent que difficilement ou partiellement passer les quantités d'énergie.
Par conséquent, la distinction entre les deux systèmes repose sur la résistance dans les barrières de contact, « résistance qui différencie φ et ψ » selon Freud (p.610).

Freud postule donc que ces neurones imperméables sont les supports de la mémoire, et par la même, des processus psychiques en général. Il s'agit d'un constat crucial. Par déduction, cela signifierait que les processus psychiques supposent de pouvoir retenir, supporter les quantités d'énergie. Ainsi, l'emmagasinage de la quantité est bel est bien fondamental pour l'appareil psychique. Par la même, cela met en avant la nécessité de pouvoir se détourner en partie des processus primaires, en favorisant ainsi la fonction secondaire.

L'importance des barrières de contact est également illustrée par leur rôle de liaison. C'est elles qui mettent en contact les neurones, autrement dit les représentations. Les représentations sont en
contact, se lient les unes aux autres grâce aux barrières de contact, ce qui souligne une nouvelle fois le fait que ces barrières favorisent la retenue de la quantité et ainsi les processus secondaires. Freud (p.614) le précise : « on peut attribuer en général à chaque neurone ψ plusieurs voies de liaison avec d'autres neurones, donc plusieurs barrières de contact ». Les barrières de contact semblent donc être le postulat fondamental nous amenant à la notion de liaison psychique.

Par la contrainte de la nécessité de la vie, le système se doit de retenir de la quantité. Pour cela, une multiplication de neurones imperméables est nécessaire. Autrement dit, le système, du fait de la nécessité de la vie, a besoin d'une provision d'affect et de représentations (neurones imperméables) (cf Jean Laplanche). Représentations et affects constituent la pierre angulaire du système psychique.
Cette citation de Freud était également intéressante : (p.613) : « (...) si l'on s'est fait une idée exacte de la grandeur des Q dans le monde extérieur, on se demandera si la tendance originelle du système nerveux qui est de maintenir la Qn à 0 trouve son compte dans l'éconduction rapide, si cette tendance n'est pas déjà à l'œuvre lors de la réception du stimulus ».

Cette phrase est de la plus haute importance car Freud introduit un autre élément qui agirait dés la réception du stimulus : l'écran-Q. Il s'agit d'un écran contre la quantité. Freud ajoute un nouveau système de filtrage. L'écran-Q contient des formations cellulaires qui reçoivent directement le stimulus exogène. Ainsi, ces cellules ne laisseraient pas passer les quantités exogènes agir sur le système φ sans les atténuer au préalable. L'écran-Q ne laisse passer que des fractions de la quantité qui proviennent du monde extérieur. Cela permettrait de rabaisser les quantités au niveau intercellulaire, ce qui explique l'absence d'écrans-Q à l'intérieur du corps, car le niveau intercellulaire y est déjà présent.

L'idée de cette existence d'appareils protecteurs ne quittera pas le père de la psychanalyse. Cela me fait en effet penser à la notion de pare-excitation. Ce dernier vise à protéger le psychisme d'un excès d'excitation qui pourrait le détruire et qui serait en provenance de l'extérieur. Le monde extérieur est empli d'énergies plus fortes les unes que les autres. Si l'organisme y est directement confronté, le risque serait l'effraction traumatique perturbant ainsi l'intégralité du fonctionnement. C'est ici qu'intervient le pare-excitations qui représente une enveloppe protectrice, une membrane qui filtre l'excitation. La réception ne concernera alors que les sommes d'excitations que le pare-excitations aura laissé passer. En effet, le pare-excitations transmet les excitations aux récepteurs sensoriels après les avoir atténuées. Il permet donc de réguler les contacts et d'isoler l'organisme de l'extérieur.
Freud précise aussi que les excitations externes traumatiques sont celles qui sont si fortes qu'elles peuvent faire effraction dans le pare-excitations. Le pare-excitations est débordé, fracassé brutalement par une quantité d'excitations qu'il n'arrive pas à lier. La situation traumatique a pour caractéristique sa soudaineté effractive. Aucune anticipation n'est possible : la psyché n'a pas pu s'y préparer.



F. Nemraoui