Les grandes pathologies reconnues de nos jours ont, pour la plupart d'entre elles, été rattachées à la religion à un moment donné de l'histoire.
La mélancolie relevait par exemple du châtiment divin, la bile noire étant utilisée par le démon pour troubler l'âme.
Certains auteurs se sont par ailleurs demandés si la transe hypnotique était une forme de possession démoniaque ; faisant ici référence à un processus satanique d'invasion du corps et de l'âme du sujet par un agent exogène malfaisant, le diable.
L'hystérie était considérée comme la possession passive, inconsciente et féminine du corps de la femme séduite par le diable. Les insensibilités du corps de l'hystérique étaient une des marques - avec les lésions de couleur rouge - que Satan laissait à celles qui pactisaient avec lui. Le corps ne sachant mentir, la malheureuse était rasée. A contrario, la névrose obsessionnelle renvoyait quant à elle à une version de possession active et masculine, le sujet étant torturé par un diable intérieur dont il tenterait de se défaire par des rituels comparables à une religion. L'obsession est considérée par l'Eglise catholique comme une épreuve que Dieu soumet à l'homme doublée par la marque imposée par Satan - tentation, obsession, possession -.
La mélancolie relevait par exemple du châtiment divin, la bile noire étant utilisée par le démon pour troubler l'âme.
Certains auteurs se sont par ailleurs demandés si la transe hypnotique était une forme de possession démoniaque ; faisant ici référence à un processus satanique d'invasion du corps et de l'âme du sujet par un agent exogène malfaisant, le diable.
L'hystérie était considérée comme la possession passive, inconsciente et féminine du corps de la femme séduite par le diable. Les insensibilités du corps de l'hystérique étaient une des marques - avec les lésions de couleur rouge - que Satan laissait à celles qui pactisaient avec lui. Le corps ne sachant mentir, la malheureuse était rasée. A contrario, la névrose obsessionnelle renvoyait quant à elle à une version de possession active et masculine, le sujet étant torturé par un diable intérieur dont il tenterait de se défaire par des rituels comparables à une religion. L'obsession est considérée par l'Eglise catholique comme une épreuve que Dieu soumet à l'homme doublée par la marque imposée par Satan - tentation, obsession, possession -.
A un historique général concernant les liens entre religion et pathologie, succèdera un point plus spécifique de ce couplage en psychanalyse.
De la préhistoire à l'Antiquité :
Durant cette période, la « médecine » relevait de la magie du sorcier, du guérisseur ou du chaman. Les historiens supposent que le « fou » relevait de cette médecine et qu'il était soumis aux mêmes procédés que les autres malades, faisant ici référence aux méthodes telles que les incantations.
En parallèle, les prêtres prenaient eux aussi en charge les « fous ». Ils recouraient aux plantes et surtout aux Dieux et aux incantations. L'aide demandée aux Dieux permettait de combattre le démon, supposé responsable de la maladie.
Le rêve y occupait une place importante, étant considéré comme une révélation des forces supérieures qui pouvaient donner la clé d'une thérapeutique. Ce chemin offrait ainsi une voie de communication avec les esprits.
En parallèle, les prêtres prenaient eux aussi en charge les « fous ». Ils recouraient aux plantes et surtout aux Dieux et aux incantations. L'aide demandée aux Dieux permettait de combattre le démon, supposé responsable de la maladie.
Le rêve y occupait une place importante, étant considéré comme une révélation des forces supérieures qui pouvaient donner la clé d'une thérapeutique. Ce chemin offrait ainsi une voie de communication avec les esprits.
Concernant la civilisation hébraïque, la conception monothéiste prime. Celle-ci exclut le culte des dieux mais aussi les croyances magiques qui sont exprimées par les devins et les sorciers. Dans cette veine va prévaloir le sentiment de culpabilité. Autrement dit, les péchés entraînent une punition, la maladie en étant une. pensée de l'insensé, du dit « fou » serait ainsi péché. C'est pourquoi les maladies étaient traitées par des prophètes considérés comme des prêtres guérisseurs. D'autres remèdes existaient mais la cure par la prière prévalait nettement.
Durant l'Antiquité, Hippocrate et Galien, deux grands médecins et théoriciens, s'intéressèrent aux manifestations de la folie en leur donnant une étiologie organique et en rejetant les approches divines et sacrées citées précédemment.
Moyen-Age :
Les dix siècles du Moyen-Age sont marqués par l'horreur des épidémies et des guerres. Tous ces désastres ont renforcé la recherche d'une aide, d'un réconfort dans le christianisme. C'est pourquoi la maladie mentale va se rattacher au domaine de la foi, la guérison de la folie devenant le champ privilégié des Saints. Des guérisons étaient dites miraculeuses, on soignait dans les églises, de grands rituels avaient lieu... ces traitements pouvant être complétés par des exorcismes.
A l'inverse, la médecine se plaçait du coté du « rationnel » et cherchait notamment à comprendre les états de folie en s'étayant sur la philosophie.
A l'inverse, la médecine se plaçait du coté du « rationnel » et cherchait notamment à comprendre les états de folie en s'étayant sur la philosophie.
Suite au Moyen-Age : du XVème au XXème siècles.
Dés la fin du Moyen Age, l'essor de la démonologie se traduit par la conviction que des forces maléfiques invisibles sont à l'oeuvre dans toutes les sphères de l'existence : vie et mort, santé et maladie, raison et folie. Cet envahissement démoniaque se traduit par une échelle d'interventions : la tentation du désir prohibé, l'obsession - le démon assiège et tourmente le corps et l'âme de sa victime -, la possession...
Après des siècles de peur du diabolique et de chasses aux sorcières, la fin du XVIIIème siècle - ouverture au temps des Lumières et de la philosophie rationaliste - marque le déclin de la croyance au pouvoir de Satan et la victoire de l'idée de l'origine naturelle des maux qui frappent les sociétés humaines.
Après la Révolution française, la médecine aliéniste se constituera à partir d'un héritage judéo-chrétien tout en revendiquant une approche « laïque », dégagée des influences surnaturelles. Philippe Pinel prendra certes appui sur la « charité chrétienne » mais la logique scientifique et l'abord idéologique marqueront majoritairement le traitement moral.
Au XIXème siècle, la religion est aussi perçue comme facteur pathogène de la folie mais sur le versant des pratiques excessives : fanatisme religieux comme cause de suicide selon Falret, mysticité et superstition... En outre, la religion catholique est encouragée par de nombreux aliénistes comme thérapeutique de la folie ayant pour vertu de consoler. Le personnel religieux se devait néanmoins de reconnaître l'autorité du médecin au sein des asiles. Ce n'est que dans les années 1870, que Bourneville politisera son projet d'une formation d'infirmiers laïcs censés remplacer le personnel religieux.
Au XXème siècle, divers syndromes sont formalisés tels les « influencés relatifs à la possession spirituelle », le « syndrome de dépossession », mais aussi des travaux sur les hallucinations mystiques, des rapprochements entre religion et mystique. Un dessin réalisé par Paul Richer, illustre une attaque tétanique qui revêt la forme de crucifiement, comparant la femme hystérique au Christ : immobilité absolue, corps en rigidité complète durant quelques heures, avant la « descente de la croix ».
➔ Et pour Sigmund Freud ?
C'est par le biais de la pathologie que la mystique revint sur le devant de la scène, à la fin du XIXème siècle, notamment à travers les travaux de Charcot sur l'hystérie. Freud qui en avait été témoin ne s'intéressait guère à la mystique, à la différence de Jung. Cela dit, la religion garde une place considérable dans l'oeuvre freudienne.
Le thème de la religion est très présent dans les écrits freudiens malgré son athéisme.
En 1907, il assimile la religion à une névrose obsessionnelle dans « Actes obsédants et exercices religieux ». cet article, Freud met au jour les « processus psychiques de la vie religieuse » en établissant un parallèle entre le croyant témoignant de sa piété, et les actions compulsionnelles des névrosés. Ces dernières, issues d'un cérémonial névrotique, sont comparées aux actions sacrées du rite religieux.
Freud marque tout de même quelques nuances et accorde une plus grande diversité individuelle des actions cérémonielles chez les névrosés obsessionnels, stigmatisant a contrario la stéréotypie du rite religieux – prières –. Il distingue par ailleurs le caractère privé de cette névrose du caractère public et communautaire de l'exercice religieux, la névrose obsessionnelle fournissant ainsi « la caricature mi-comique mi-tragique d'une religion privée ».
Il en conclut que « l'on pourrait se risquer à concevoir la névrose obsessionnelle comme le pendant pathologique de la formation religieuse, à caractériser la névrose comme une religiosité individuelle et la religion comme une névrose obsessionnelle universelle ».
Plus tard, en 1913, dans Totem et tabou, Freud identifie au sujet des névroses, des « concordances » avec les grandes productions sociales que sont l'art, la religion, et la philosophie, tout en les qualifiant de « distorsions » : « on pourrait se risquer à dire qu'une hystérie est une image distordue d'une création artistique, une névrose de compulsion celle d'une religion, un délire paranoïaque celle d'un système religieux ».
En 1926, dans Inhibition, symptôme et angoisse, Freud rend compte à travers sa seconde topique de la tyrannie d'un surmoi féroce. Selon Elisabeth Roudinesco, cet enfer n'est rien d'autre que la version pathologique d'un système institutionnel patriarcal et judéo-chrétien, que Freud tenta d'illustrer, entre structure névrotique obsessionnelle et religions, réflexion qu'il prolongea jusqu'à L'Homme Moise et la religion monothéiste (1939).
Freud rédigea, puis publia en 1923 un article intitulé « Une névrose diabolique au XVIIème siècle ». Il y étudia en détail le cas d'un homme, saisi de convulsions, huit ans après avoir signé un pacte avec le diable, puis guéri grâce à l'exorcisme. Freud montre que le diable était pour le peintre un substitut du père. L'auteur oppose dans cet article les bienfaits de la psychanalyse aux pratiques religieuses et occultes des temps anciens.
Les idées religieuses constituent la réalisation des souhaits les plus anciens de l'humanité, et d'abord celui d'être protégé de la toute-puissance de la nature. Il ne peut s'agir pour Freud que d'une illusion. Puisque la religion est comparable à une névrose infantile, le psychanalyste, conclut Freud, peut laisser libre cours à son optimisme en supposant que, comme l'enfant, l'humanité parviendra à surmonter cette phase névrotique.
Plus globalement en psychanalyse :
Plusieurs concepts psychanalytiques font en fait écho au sentiment religieux : sublimation, illusion, principe de Nirvana, sentiment océanique, Nom du Père, synthome à entendre Saint Homme...
Dans la théorie psychodynamique de Moreno, le syndrome de Dieu occupe la place centrale dans le psychisme humain. Contestant le complexe d'Oedipe freudien, Moreno voit dans l'homme un créateur privilégié sur la scène du monde ou dans une étrange terminologie fort hétérodoxe, un « co-dieu », un co-créateur qui est plus qu'un être psychologique, social et culturel. Il s'agirait d'un être de créativité mû par la volonté de créer. Le drame de l'existence humaine serait le refoulement de cette puissance créatrice et spontanée. Le trouble psychique serait alors l'expression de l'échec, de la frustration et du refoulement du syndrome de Dieu.
La névrose du Christ est un trouble de la vie psychique caractérisée par l'imitation par un sujet pervers de la personnalité et du rôle du Christ et partant, de l'archétype du Sauveur suprême et parfait de l'humanité. Elle a été introduite par le psychanalyste Stekel en 1922.
En guise de conclusion :
A la fin du XXème siècle, la psychiatrie combine au moins trois modèles : les approches des neurosciences, les Thérapies Cognitives et Comportementales dites TCC, et la psychanalyse.
Le psychanalyste Ehrenwald élabora un tableau censé rendre compte d'une évolution diachronique en quatre étapes : magie primitive, mesmérisme, psychiatrie préfreudienne, psychanalyse. Selon lui, à mesure du franchissement des diverses étapes, les « éléments magiques » s'estompent quasi-totalement au profit des « éléments scientifiques ». Qu'en pensez-vous ?